Workshop > 4 Relationships with History
Friday 21, 9:30-10:15
La (re)commémoration des figures héroïques féminines en Corse et aux Antilles (XVIIIe-XXIe siècle) Cette communication propose une réflexion sur la mythification et les usages politiques contemporains des figures féminines corses et antillaises du XVIIIe et XIXe siècles. La première partie théorique interrogera d’abord les processus d’invisibilisation des femmes dans la statuaire publique sous la Troisième République, puis la manière dont un contre-récit, initialement oral et traditionnel, se bâtit et évolue jusqu’à obtenir une certaine officialité. La seconde partie de la communication proposera un état des lieux des connaissances historiques de trois « nouvelles héroïnes », Maria Gentile, la mulâtresse Solitude et Lumina Sophie. Enfin, la troisième partie se concentrera sur l’émergence de ces figures féminines, entendons leur célébration et mythification, au tournant du XXe et XXIe siècle. Nous observerons ainsi en premier lieu comment ces trois figures féminines furent érigées en héroïnes de la Liberté et de l’Égalité, puis en quoi elles renouvellent, et modernisent, les discours militants insulaires jusqu’alors dominés par des figures masculines telles que Paoli en Corse ou Delgrès aux Antilles.
Song for Palmares : survivance de la résistance afro-brésilienne chez l'écrivaine afro-américaine Gayl Jones Le Quilombo dos Palmares, établi dans la région montagneuse du Pernambouc (actuel Alagoas), fut la plus vaste confédération d’esclaves fugitifs du monde atlantique, rassemblant entre le XVIᵉ et le XVIIᵉ siècle jusqu’à vingt mille habitants répartis sur plusieurs villages fédérés. Cette longévité exceptionnelle — près d’un siècle de résistance — en fit un espace politique autonome et une menace constante pour l’ordre esclavagiste au Brésil. Diabolisé dans les récits coloniaux des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, Palmares est progressivement réinvesti par la minorité afro-brésilienne, qui l’inscrit dans la longue histoire des luttes de classes et de la résistance noire au Brésil. L’œuvre de Gayl Jones s’inscrit dans ce mouvement de réinvestissement et de désenfouissement mémoriels. Cette communication interroge l’usage de l’histoire de Palmares dans l’écriture de cette écrivaine afro-américaine, cherchant à comprendre notamment comment le pouvoir performatif de la littérature investit l’histoire comme son objet. S’appuyant sur les archives coloniales comme sources documentaires, Jones extrait Palmares de sa réalité géographique et historique pour l’intégrer à son projet esthétique afrocentriste. À partir d’une lecture poétique de deux textes qui se font écho — le poème épique Song for Anninho et la saga Palmares — nous montrerons comment ce lieu et moment historiques se transmutent, sous sa plume, en paradigme mythopoétique de la résistance noire dans les Amériques. |
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