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Appel à communication (scroll down for English/Spanish)

Colloque, Usages du passé : Expériences minoritaires en actes dans les Amériques

L’Institut d’histoire du temps présent (IHTP), le Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (CREDA), avec le soutien de l’université Paris 8, de l’université Sorbonne Nouvelle et de l’Institut des Amériques (IDA). Au sein du Réseau thématique de l’IDA, Minorités ethnoraciales et usages du passé dans les Amériques du 19ème au 21ème siècle.

Les Amériques connaissent depuis le début du 21ème siècle un moment mémoriel étendu, particulièrement sensible pour les groupes dont l’histoire a été invisibilisée et qui portent dans l’espace public une demande de reconnaissance – l’écho international rencontré par Black Lives Matter en témoigne (Taylor 2017), de même que l’attention portée aux écocides des espaces indigènes latino-américains (Machet, Larré et Ventura 2013).

Nous proposons à travers cette journée d’étude d’engager une réflexion sur les usages du passé lorsqu’ils sont mobilisés par des membres de minorités ethnoraciales, qu’il s’agisse de contester une histoire nationale, de chercher à s’y inclure, ou d’écrire une histoire de la minorité.

Les minorités sont perçues et définies par le groupe majoritaire en tant que mineures selon deux principes qui ne s’excluent pas : celui du nombre, qui identifie différents traits religieux, ethno-raciaux, linguistiques ou culturels, et celui du statut, qui caractérise ce qui est tenu pour mineur, renvoyé à la mémoire des vaincus, à l’absence d’histoire. Catégorie de « pratique sociale et politique » plutôt que d’ « analyse sociale et politique » selon la distinction proposée par Rogers Brubaker au sujet de l’identité (Brubaker 2001, p. 69), la notion de minorité trouve son origine dans le droit international (Plésiat 2011) mais reste notoirement « labile » (Guillaumin 1985, p. 102). L’Organisation des Nations Unies continue d’en proposer une définition figée, qui tend à essentialiser une identité minoritaire. Cette notion fait pourtant avant tout sens d’un point de vue relationnel (Guillaumin 1985). Dès lors, il s’agit de prendre « en compte des jeux d’intersectionnalité, d’appartenances multi-situées et multi-scalaires » (Tartakowsky 2020, p. 8) afin de mettre lumière des rapports de pouvoir, des processus de minorisation, qui conduisent à la différenciation et à la hiérarchisation, ainsi que le proposait déjà Louis Wirth, un des premiers à employer l’expression de « minority group »(Wirth 1928, p. 127 ; Simon 2006). Ainsi, pour envisager ces groupes qui n’existent pas en dehors du rapport social, la notion de domination est utile, puisqu’elle permet de mettre l’accent sur les rapports de pouvoir plutôt que sur les questions d’identité (Policar 2020, p. 119). De même, afin de considérer la relation entre les individus et leur communauté, plutôt qu’en « termes d’origine », il est éclairant de la penser en « termes de volonté », dans la mesure où cela permet de souligner la part du choix (Guenancia 2017, p. 81).

Ainsi, malgré son ambiguïté, le terme permet de souligner l’expérience de groupes cantonnés aux marges de l'histoire, à distance du récit majoritaire (Laithier et Vilmain 2008). Les colonisations européennes ont assujetti les Amérindiens, entrainant leur destruction partielle, et déporté les Africains réduits en esclavage, deux phénomènes étroitement liés (Kolchin 1995 ; Rengifo Lozano 2007 ; Otele 2008 ; Cottias et al. 2012 ; Salamanca Villamizar et Ramos (eds.) 2023). Les migrations, d’abord européennes, puis internes aux Amériques, ont également contribué à la formation de minorités. Cependant, si le terme de minorité renvoie à un statut subalterne, il implique l’inclusion dans un tout national, comme il peut aussi renvoyer à une dimension diasporique, que celle-ci soit liée aux migrations, à une expérience historique partagée, ou à un espace imaginaire de circulations d’idées (Gilroy 1993 ; Manning 2009 ; Banerjee, McGuinness et McKay 2012).

Nous proposons d’ouvrir de nouvelles perspectives en abandonnant le point de vue majoritaire, qui se décline en termes de domination et d’assignation, pour nous situer du point de vue de l’expérience minoritaire, afin d’envisager les minorités dans leur capacité à agir (Wüstenberg 2020). L’expérience minoritaire, par ce qu’elle peut signifier, notamment en termes de violence symbolique et de discriminations, suscite différentes réactions, de la résistance ouverte à la volonté de se fondre dans un ensemble national homogène. Elle implique de nombreux usages du passé, qui permettent de perdurer en tant que minorité, par la transmission d’une mémoire de groupe, mais également de répliquer à une assignation identitaire et aux stigmates qui l’accompagnent (Halbwachs 1950 ; Candau 1998 ; Araujo 2020 ; Lavabre 2000 ; Meringolo 2021 ; Gensburger et Wüstenberg 2023).

Cette journée d’étude « Usages du passé : expériences minoritaires en actes » propose de faire dialoguer différents terrains de recherche et approches disciplinaires. Les trois axes suivants pourront guider les propositions de communication.

  • Formes des usages du passé. Images, écrits littéraires ou politiques, œuvres d’art, interventions politiques, dont les « déboulonnages » de monuments (Landrieu 2018 ; Gill et Hunter 2021 ; Gensburger et Wustenberg 2021 ; Thompson 2022), commémorations, projets muséaux minoritaires (Araujo 2016 ; Starzmann, Roby et Shackel 2016) pourront être évoqués. Conscients que l’altérité se fonde dans la manière dont l’autre est exposé (Illouz et Martinez 2018), les entrepreneurs de mémoire produisent de nouvelles représentations, qu’ils veulent conformes à leurs expériences (hooks 1992 ; Hall 1997), et qui sont parfois en partie puisées dans un passé mythique. De même, dans un effort de retournement du stigmate de la race, différentes constructions théologiques sont susceptibles de mobiliser une histoire fantasmée et une généalogie des origines (Dorman 2012 ; Gibson 2012 ; Weisenfeld 2016). On peut songer également à la littérature : diverses œuvres réécrivent le roman historique américain pour réinscrire la présence minoritaire effacée (voir notamment : Toni Morrison, C Pam Zhang, Julie Otsuka, Valeria Luiselli). De même certaines controverses littéraires autour des œuvres d’art mémorielles pourraient être analysées (Kara Walker 1997). Enfin il est également possible de réfléchir à la dimension langagière, afin de comprendre plus finement les usages mis en œuvre dans les langues vernaculaires, telles le quechua, le guarani ou l’aymara.
  • Relations avec la majorité et le récit national. S’agit-il de contester, tourner en dérision le récit hégémonique ou d’en proposer un contre-récit ? L’objectif est-il de s’inclure dans le récit national, éventuellement dans une forme « mimétisme stratégique » ou au contraire de s’en extraire par un « entre soi » minoritaire (Peretz 2023) ? Les « nouveaux iconoclastes » dénoncent une histoire nationale et les monuments qui la célèbrent. Ces derniers symbolisent passés colonialistes et discriminatoires et continuent de véhiculer des stéréotypes raciaux, de marginaliser et d’invisibiliser les minorités (Chantiluke et al. 2018 ; Jerónimo et Rossa 2021 ; Célestine, Martin‑Breteau et Recoquillon 2022). Les demandes de réparations peuvent être aussi envisagées depuis la manière dont elles sont appropriées, ou non, par des fractions de la minorité (Darity 2008 ; Araujo 2017 ; Bessone et. al. 2021).
  • Rapports avec la discipline historique et l’historiographie dominante. La recherche d’un autre récit emprunte notamment la voie de la littérature. L’auteureSaidiya Hartman, confrontée aux sources lacunaires de l’histoire de l’esclavage propose ainsi de pratiquer ce qu’elle choisit de nommer la « fabulation critique ». Ces usages du passé peuvent être envisagés au prisme des rapports avec la majorité, mais aussi avec l’histoire en tant que discipline. Entrent-ils en concurrence avec le récit dominant ou bien parviennent-ils à en faire partie ? Quels rapports entretiennent-ils avec la démarche scientifique, avec le monde académique ? Prétendent-ils à une forme de vérité, ou tendent-ils à construire un nouveau « régime de vérité », en rupture avec une épistémologie occidentale le plus souvent dénoncée  (Quijano 2000 ; Foucault 2009 ; Mignolo 2012) ?

Les résumés de propositions de 500 mots environ sont à envoyer aux organisateurs, accompagnés d'un court CV à l’adresse suivante raconterlesminorites@gmail.comavant le 1er juin 2025

 

Comité d’organisation

  • Olivier Maheo, collaborateur de l’Institut d’histoire du temps présent, IHTP, UMR CNRS/Université Paris 8
  • Dorothée Delacroix, maîtresse de conférence en anthropologie, Université Sorbonne Nouvelle, Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL), Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (CREDA, UMR CNRS/USN 7227, UMR IRD 280).

 

Comité scientifique

  • Alvar De la Llosa, Professeur des universités, Langues et Civilisations Étrangères – Lyon 2
  • Símele Soares Rodrigues, Maîtresse de conférence, LARHRA, Lyon 3 Jean Moulin
  • Paola Domingo, Maîtresse de conférences IRIEC - Montpellier 3- Paul Valéry,
  • Lawrence Aje, Maître de conférences, DIRE, Université de la réunion,
  • Pauline Peretz, IHTP, Université Paris 8 – CNRS ; Institut Universitaire de France
  • Jean-Paul Zuniga, Directeur d'études EHESS, Centre de recherches historiques UMR 8558
  • Rogerio Rosa, Professeur : Teoria e Metodologia da História, Universidade do Estado de Santa Catarina (UDESC)
  • Anne Stefani, Professeure, CAS- Université de Toulouse 2, Jean Jaurès
  • Ian Rocksborough-Smith, Professor, University of the Fraser Valley, Canada
  • Lionel Larré, Professeur des universités, CLIMAS – Bordeaux Montaigne
  • Camille Riverti, chargée de recherche, CREDA-CNRS
  • Romy Sanchez, Chargée de recherche, IRHIS – CNRS
  • Evelyne Ribert, Chargée de recherche, LAP – EHESS
  • Gabrielle Adjerad, Maîtresse de conférences, CHCSC – UVSQ
  • Baptiste Bonnefoy, Maître de conférences, Université de Paris Nanterre
  • Nadia Marzouk, Chargée de recherche, CERI-Sciences Po

 

 

Références / References / Referencias

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